Hanene, la couturière qui a coupé le fil avec la violence
Hanene Jebali, 38 ans, du Bardo est gérante d’un atelier de couture depuis 4 ans. Dans le cadre de sa participation aux cercles-débat « femme et société », elle nous fait part de son témoignage sur l’impact de ces rencontres sur sa vie personnelle et professionnelle.
« Cliente chez Enda tamweel depuis 4 ans, j’ai réussi à développer considérablement mon projet grâce aux crédits octroyés qui me permettent d’acheter les tissus et accessoires indispensables à mon activité. Et comme toute femme, j’avais besoin d’avoir des activités sociales et communautaires pour rencontrer de nouvelles personnes et échanger avec, sauf que la volonté de changer n’y était pas et ce, pour maintes raisons…
Et puis un jour, on m’a contactée pour participer à un premier cercle-débat organisé par Enda inter-arabe, succédé par un deuxième et un troisième.. Et de fil en aiguille, ça a créé en moi le besoin de participer à d’autres cercles sur d’autres thématiques. Je répondais toujours présente quand on m’invitait et venais toujours avec le même entrain pour apprendre de nouvelles choses et échanger avec d’autres participantes sur notre rôle en tant que femmes au sein de la famille et dans l’éducation des enfants. D’ailleurs le thème qui m’a le plus marqué était celui relatif à la compréhension des types de violences et la gestion des émotions pour une attitude non violente.
Aujourd’hui, je considère que j’ai beaucoup évolué dans ma manière de voir les choses, dans ma liberté de penser et même dans mon attitude vis-à-vis des autres. Je peux citer l’exemple de ma relation avec ma fille de 13 ans, qui était assez ambigüe à cause de mon agressivité gratuite et mon intolérance. Cette rigidité et ce manque de communication ont créé un réel gap entre elle et moi, transformant une relation mère-fille à une relation purement conflictuelle et toxique. J’en ai réellement souffert pendant une période mais j’ai été complètement dépassée par les émotions et mon égo démesuré pour pouvoir me remettre en question. Jusqu’au jour où j’ai décidé de changer les choses, apprendre à l’écouter et prioriser ses besoins indépendamment de mes croyances et principes abusifs que nos ancêtres nous ont inculqués. Et ça a réellement marché, non seulement je ne suis plus agressive avec elle mais en plus, une vraie complicité est née entre nous. Aujourd’hui, elle se confie à moi comme jamais, elle sollicite mon aide, me demande des conseils et je ne fais que l’écouter, l’encourager et la pousser à aller de l’avant.
Si on est devenues aussi proches aujourd’hui, c’est bien grâce à ces cercles-débat auxquels j’ai assisté et surtout Mme Souaihi l’animatrice ainsi que l’équipe de Enda qui nous a rapproché l’information tout en nous consacrant un espace d’apprentissage et de dialogue, chose qui n’est pas donnée à des femmes comme moi qui n’ont pas beaucoup de relations sociales et qui ne sortent pas fréquemment.
Grâce à Enda, j’ai repris confiance en moi-même, j’ai aussi repris mon métier de couturière et je n’ai pas abandonné mon projet. . Avec Enda, je sens que je suis en train d’évoluer… »