La culture agissante pour sortir du « gouffre », Rencontre entre les jeunes et l’artiste Raouf Ben Yaghlane

La parole aux jeunes

Le 7 juillet dernier, bien que ce soit un dimanche, 50 jeunes des quartiers de Hay Ettadhamen, Ettahrir, Ibn khaldoun, El Omrane, Oued Ellil, Le Bardo …ont répondu présents à l’appel d’enda inter-arabe pour participer à une rencontre avec l’artiste et dramaturge Raouf Ben yaghlane. Parmi les jeunes présents, il y avait quatre jeunes comoriens, étudiants en Tunisie.

Plusieurs slogans et messages exprimés par les jeunes et par les animateurs Raouf et Lassaad, n’attendent que se traduire en actes concrets…

  • نخرجو مالحفرة , cri lancé par les jeunes de hay Ettadhamen et des quartiers avoisinants pour transformer et changer la société pour une meilleur avenir en Tunisie
  • نخرجو مالصندوق
  • البديـــل, نحن قادرون عليه
  • الثقافة أخلاق
  • النظافة ثقافة
  • On ne fait pas de la culture de consommation.
  • La culture est un acte libérateur
  • La culture se trouve là où se trouve l’humain… investissons les espaces par l’art et la culture
  • Faisons de la culture un moyen pour une meilleure intégration sociale et pour plus de tolérance
  • Lorsqu’on est cultivé, on est plus ouvert, plus épanoui, plus sur de soi…

Objectif de la rencontre

Le but de la rencontre co-animée par Raouf ben Yaghlane et par notre collègue Lassaad Bousbii, était d’inviter les jeunes à partager leurs idées, leurs rêves,  autour de projets culturels et artistiques  qui peuvent contribuer à les sortir de leur situation difficile et lutter contre les stéréotypes qui leur collent à la peau du fait qu’ils habitent des quartiers populaires comme hay ettadhamen : délinquance, échec, violence, terrorisme,… 

Dès que la parole leur fut donnée, les jeunes, très intéressés par le projet, se sont exprimés spontanément, avec beaucoup de sincérité sur leur vision du projet ou comment l’art et la culture peuvent être des outils de transformation de leur réalité.

Les témoignages recueillis à chaud lors de la rencontre dessinent déjà les contours du projet :

  • Nous devons sortir du trou نخرجو مالحفرة dans lequel nous trouvons actuellement en tant que jeunes démunis financièrement.  C’est un travail collectif. Nous en sommes capables (mohamed Ali, jeune de Hay ettadhamen).
  • Seule la culture peut nous donner les outils pour changer notre sort et agir sur notre environnement. 
  • Seule la culture peut nous aider à nous poser les questions essentielles et nous remettre en question, parce qu’elle favorise l’esprit critique (Bayrem, membre association « moubdi3oun »)
  •   يلزم نخرجو مالصندوق , مانخافوش مالاختلاف 
  • Accepter d’être différent, transgresser des règles contraignantes et stériles. c’est possible… grace à l’art et à la culture. 
  • C’est important d’étudier et d’analyser les phénomènes sociaux et culturels de nos quartiers. Et nous sommes les mieux placés pour connaitre les besoins et les problèmes de nos quartiers. On peut faire des enquêtes…(Bayrem…)
  • Nous devons travailler avec les structures éducatives pour sensibiliser les enfants et les jeunes aux valeurs que nous souhaitons défendre : respect, tolérance, responsabilité, civisme, protection de l’environnement…. 
  • Les formations et l’accompagnement que donne enda aux jeunes sont efficaces. La preuve je suis là. J’étais presque un délinquant, oisif…Aujord’hui je découvre des dons et des talents que je ne soupçonnais pas en moi : percussionniste, artiste….
  • Grace à la culture qu’on peut transmettre les valeurs. Avec l’art on peut sortir du gouffre (Husseini, étudiant comorien)
  • La digitalisation créative en art et en culture peut nous aider à toucher le plus de monde (Husseini, étudiant comorien)
  • Là où les politiques mettent le feu, nous on peut utiliser notre art pour semer l’espoir et éteindre le feu (Husseini, étudiant comorien)
  • La lecture, les voyages, les débats favorisent la tolérance, l’épanouissement…
  • Nous devons apprendre à être humble, avoir une vision positive. Ça facilite l’apprentissage, on apprend mieux (Haroun)  الثقافة أخلاق
  • Pour que ce soit efficace, l’acte culturel doit reposer sur nos propres initiatives. C’est à nous, jeunes, de faire les premiers pas (Oumeima, jeune de 18 ans)
  • Dans nos quartiers, les familles n’encouragent pas à aller vers les métiers et activités culturelles et artistiques. Comment faire ? (Islem)
  • Je suis poète et je peux avec mes poèmes aborder des questions difficiles, souvent tabou. Comme je suis étudiant étranger, la poésie m’aide à mieux m’intégrer. On devrait organiser des évènements poétiques partout, dans les cafés, les écoles,….
  • Avec la culture on construit un monde meilleur pour nos enfants
  • Organiser des journées « portes ouvertes » dans les quartiers, dans les écoles, dans les espaces publics pour recueillir les idées des jeunes sur le vision du projet culturel (Donia)
  • Organiser des cercles de discussions et d’échanges dans les quartiers. Beaucoup de jeunes ne se sentent pas à l’aise pour parler en public, préfèrent parler dans des espaces qui leur sont familiers dans leurs quartiers

En conclusion : Etapes à venir

Un constat : selon les jeunes, il y a un besoin urgent à initier un véritable projet culturel dans les quartiers. Enda pilote ce projet

Actions à mener avec Raouf Ben Yaghlane qui va proposer à enda un plan d’action détaillé. Pour les jeunes, Il est urgent de

  • Former des médiateurs culturels. Presque Toutes et tous les présents s’y sont inscrits
  • Organiser des évènements de rue forts en message comme النظافة ثقافة
  • Relancer des clubs de lecture et des cercles de discussion
  • Faire participer les jeunes, à l’instar de cette rencontre, à la phase de conception du projet culturel…
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