Agriculture Biologique : « Le bio » gagne non seulement du terrain, mais surtout les esprits et l’adhésion des agricultrices du projet Souk el Kahina de la région du Cap-Bon
Journée de sensibilisation sur l’agriculture biologique
25 agricultrices de la région du Cap-Bon représentant trois GDA féminins, membres du projet souk el Kahina ont été accueillies le 23 novembre dernier au siège d’enda inter-arabe par l’équipe des formateurs/trices d’enda et par deux représentantes de l’Union Nationale des Opérateurs de la Filière Bio (UNO-Bio) chargées d’animer l’atelier sur l’agriculture biologique. Cette rencontre s’inscrit dans le cadre du partenariat entre enda, UNO-Bio et le Centre Technique de la Culture Biologique (CTAB).
Leur rêve et La réalité sur terrain
Elles sont venues avec un esprit de reconquête d’un passé pas très lointain, où les produits agricoles avaient un arôme, et surtout avaient un goût, le goût de la terre saine et non polluée. Même si elles pratiquent une agriculture dite « naturelle », elles sont encore loin de l’agriculture biologique dont elles rêvent et comptent bien la pratiquer. L’utilisation des produits chimiques par la grande majorité des agriculteurs avoisinants, producteurs d’agrumes surtout, constitue un handicap supplémentaire pour elles. Elles n’ont que quelques bribes d’information, sur les exigences et principes du biologique. D’où leur présence aujourd’hui à enda en présence d’UNO-Bio.
D’autre part, elles ont exprimé un manque d’information et de connaissances sur tout l’environnement bio, un besoin de formation technique sur des métiers agricoles : fabrication de fromage, de compost, utilisation des plantes pour le traitement alternatif de leurs cultures, techniques d’emballage, la commercialisation de leurs produits….
Des acquis du projet
« Nous avons bénéficié de centaines d’heures de formation et de conseils. C’est pourquoi nous sommes désireuses d’avancer et passer à l’action », affirme Dhekra ben Saïd.
Je sais comment préparer un modèle d’affaires maintenant et ça m’aide beaucoup dans l’avancement des activités du GDA et la contractualisation avec la société de transformation Défi Agro déclare Fathia Mezzi
Toutes ces femmes, dont certaines d’entre elles sont présidentes de GDA, d’autres l’étaient, et sont devenues membres ont été accompagnées par enda inter-arabe et par ses partenaires dans le cadre du projet souk el Kahina. « Je suis fière de vivre ces moments où on pratique sur terrain ce nous avons appris pendant trois ans avec le projet en termes de gouvernance, de transparence, d’équité, de solidarité… » déclare Seloua ben Mna, membre du GDA Takelsa après en avoir été la présidente.
En visitant la boutique souk el Kahina, j’ai remarqué que les prix de nos produits sont les mêmes que ceux que nous avons demandés. Enda pratique la transparence et la solidarité telle qu’elle l’enseigne », déclare Amira Makhlouf, membre de GDA.
Aujourd’hui, toutes mesurent l’intérêt et la dimension sociale et économique de ces valeurs, vu leur attachement et leur détermination à maitriser tous les aspects de l’agriculture biologique, mais aussi du commerce équitable. C’est ce qu’elles ont prouvé par leur présence et leur assiduité aux formations et aux séances de sensibilisation durant les trois années du projet
A noter, que la majorité des produits de ces femmes qui sont en ventre dans notre boutique à enda, ont obtenu le label équitable social el Kahina.
L’importance du partage d’expériences
La présence de Hafsa, co-fondatrice avec Fathia Mezzi présidente du GDA Béni Ayech à Korba, le premier et unique GDA labellisé Bio (épices biologiques), et ses témoignages ont conforté les autres dans leurs orientations vers le bio et leur a donné une forte envie d’aller dans cette voie. « La réussite de ce GDA, et votre encadrement et présence avec nous, même après la clôture du projet nous rassurent nous poussent vers l’avant », témoigne Fathia en s’adressant à l’équipe enda et aux représentantes d’UNO-Bio.
Les perspectives
L’échange entre elles et les informations fournies par l’équipe enda sur nos services et par UNO-Bio sur les principes et les perspectives de l’agriculture biologique ont abouti à l’idée de préparer une feuille de route pour démarrer les actions liées à la conversion vers le bio. Elles sont conscientes des obstacles, et des exigences de ce domaine, du temps que cela demande, des résistances qu’elles vont affronter. Mais elles sont décidées à passer à l’action et prêtes à se mobiliser pour contribuer aux changements positifs dans notre pays.
De la présentation de UNO Bio nous avons retenu quelques chiffres significatifs. En 2020, la Tunisie compte 7236 agriculteurs/trices pratiquant l’agriculture bio, et 290 conversions vers le bio. Espérant que ces chiffres puissent augmenter grâce à ces agricultrices.
Les trois institutions enda inter-arabe, UNO-Bio et CTAB vont mettre ensemble un plan d’action pour accompagner ces agricultrices dans leur nouvelle mission… à suivre